Division
A un moment dans l'humanité on a découvert qu'on pouvait tout diviser. Enfin, surtout dans nos têtes! Pleins d'idées, de concepts de comportements, de règles de vie ont découlé de cette division. A vrai dire, on considère même la vie comme une base de division cellulaire. Mais ça on n'y pensait pas avant l'invention du concept et du mot de division. L'humain s'est mis à tout diviser. Un espace, un terrain était quelque chose à part, de vague, d'universel. Mais avec la division on peut séparer ce terrain du reste. Et on peut séparer ce même nouveau terrain en plusieurs autres terrains. Voilà la propriété. Diviser ne suffit pas, il faut associer les nouvelles entités nées de la division à des choses ou des êtres. Ainsi tel terrain appartient à tel humain. Tel espace est sacré, tel autre est maudit, etc. Un ensemble vert est devenu x arbres. Et puis plus tard avec la science il fallait tout classer, tout déterminer sous des catégories, ranger le vivant sous des termes et des caractéristiques toujours plus précis, petits, divisés.
Distinction
Avec la division vient la distinction, ou du moins un agrandissement, un épanouissement sans précédent de ce savoir distinctif. Voilà qu'aujourd'hui, nous voyons tout en terme de catégories, et ce n'est pas un mal. Du moins pas forcément. Le problème est que ces catégories permettent une vision et une meilleur appréhension du vivant mais cachent parfois les êtres désignés par des catégories grossières, non nuancées. Il y a les humains, puis les animaux, les végétaux, les champignons, les minéraux, et tous les autres petits êtres et formes de vies plus ou moins visibles. Comme nous sommes humains, nous nous mettons à part, et c'est une question de méthode, liée à notre existence tri-dimensionnelle, une base nécessaire pour établir le reste de notre existence. Nous nous rangeons hors de la nature, même si apparemment nous en faisons partie et nous en sommes même issus. Nous voyons donc une ligne de démarcation dans nos esprits.
Vie-Mort
Nous classons systématiquement tout ce que nous croisons. Nous avons établie une distinction entre le vivant et le mort. Ce qui est vivant est ce qui présente un mouvement physique manifeste à l’œil de l’humain. Sous ce classement on pourrait se demander si certains éléments que nous regroupons sous le terme plante sont réellement vivants car leur mouvement est subtile pour un humain. Par exemple, la planète terre est un être vivant, mais sa dimension ne nous permet pas de nous en rendre compte. Ses processus en action suivent des cycles qui nous dépassent complètement. De cela on pourrait en conclure que la terre n’est pas vivante car nous ne voyons pas de mouvement... à moins d'habiter à côté d'un volcan en activité ou sur un croisement de plaques tectoniques. La conception du vivant actuelle et humaine est basée sur la propre capacité de mouvement de l’humain. A contrario il y a des phénomènes qui ont des effets de mouvements perpétuels à travers le temps et l’espace comme le vent et qui pourtant n’est pas considéré comme vivant. Le vent est un élément qui peut aller très vite, plusieurs centaines de km/h, et soulever des maisons, des arbres centenaires, et qui pourtant est invisible, et n’est pas considéré comme un être vivant. Il est pourtant le principe même et suprême de l'animal.
Sain
"Manger sain". Sain implique qu'il y ait un pas sain. C'est quoi manger pas sain? Tout le monde a en tête des images de ce qui est appelé la malbouffe. On pense petits gâteaux apéro, on pense pizza indus, burger à la chaîne, etc. A cela se surajoute des notions de mode nutritionnelle comme la fameuse guerre contre le "gras". La notion de manger sain n'est pas nouvelle, elle est présente depuis les tout débuts de la généralisation de l'agriculture. Cela touche toujours les personnes les plus sédentaires. La différence entre avant et maintenant c'est qu'avant c'était souvent les plus riches monétairement qui souffraient de mauvaises alimentations, souvent par excès. Tandis que maintenant c'est avant tout les plus démunis monétairement qui en souffrent. Aujourd'hui de plus en plus d'individus ont même inconsciemment une grille de lecture qui classe les aliments en bons pour la santé et moins bons, voire mauvais. Il faut dire qu'en plus de produire beaucoup ce qui incite forcément à manger plus que nécessaire, nous produisons en plus des aliments de qualités moindre voire carrément néfastes pour la santé, et ce en quantité faramineuse.
Orthorexie
L'orthorexie serait le trouble du manger sain, ou comme il faut, une surveillance obsessionnelle de l'alimentation. Cela peut effectivement être un problème dans notre environnement médiatique actuel, où les théories du bien-manger se succèdent, s'opposent, se contredisent sans cesse. On appuie cela de paroles "d'experts", de "scientifique" et cela nous perturbe à chaque fois. Par tout cela l'individu n'arrive plus à être attentif à ses vrais et propres besoins. Il se fie à ce qu'on en dit. Il n'est plus dans la gestion instinctive mais dans l'ultra-analyse et la catégorisation extrême, le suivi de croyance, de dogmes alimentaires. Aujourd'hui nous pouvons, notamment dans un pays comme la France avoir tous à manger. Cependant à moins d'être en famine nous sommes obligé de sélectionner, d'effectuer un trie dans ce qu'on achète et ingère car il y a trop de produits transformés qui sont totalement inadaptés à nos organismes. Par abus de langage certaines personnes dénoncent une orthorexie là où il y a juste une petite sélection. Il faut savoir distinguer la sélection vitale et bénéfique, rationnelle, de la sélection obsessionnelle, hors de contrôle, maladive et drastique.
Intestin-centré
Dans notre obsession courante de tout réduire à de simples processus, à isoler, compartimenter sans relâche, nous imaginons que les seules effets réels de l'alimentation se font par l'ingestion et après autant d'heures de digestion. Cela est peut être vrai pour certains processus, mais dire cela reviendrait à dire que les sens n'ont aucune influence sur notre état d'être, notre santé, que la bouche et la gorge n'ont aucun rôle, que seul l'estomac mais surtout les intestins peuvent nous donner des nutriments, et donc nous nourrir. Alors autant mettre directement les aliments dans les intestins sans passer par la bouche et la gorge et en isolant cela des sens, notamment de la vue, de l'odorat et du toucher. Cela parait totalement absurde et c'est pourtant ce que cette croyance courante implique.
Sauvage
Il n'y a jamais eu d'un seul coup la naissance de techniques agricoles généralisées. Cela a été progressif, mais aujourd'hui l'agriculture est la norme absolue. Et cette agriculture toute puissante rejette tout ce qui est catalogué "sauvage". Par sauvage, il faut entendre non-désiré, non-planté, non-planifié. Ainsi les "mauvaises herbes" ne sont pas mauvaises (de même que les oiseaux s'invitent partout naturellement). Elles viennent sans travail, spontanément, et souvent par un besoin du sol donné de s'équilibrer, d'éviter l'érosion, de s'enrichir. De plus quantité d'entre elles sont comestibles en plus d'être excellentes pour la santé, très denses en nutriments et surtout véhiculent une grande vitalité. Il est symptomatique que nous refusions systématiquement le sauvage. Mais le sauvage n'existe pas, c'est uniquement la nature qui se manifeste indistinctement de nos ambitions/prévisions/techniques (invasives). La rigidité du modèle technique, sa simplification, le réductionnisme, accroissent le domaine du sauvage, du non planifié et donc le travail nécessaire.
Temporalisme
Petit-déjeuner, déjeuner, goûter, dîner. Dans notre conception actuelle du manger il faut répartir les aliments en portions, portions réparties dans le temps. Le temps ici est l'unité journée. La journée elle-même est généralement comprise comme allant du réveil au coucher de l'humain. Or, le temps biologique n'est pas forcément aligné sur le temps terrestre, ni sur le temps de journée classique (veille). Aujourd'hui nous pensons qu'il est nécessaire de manger 3x par jour à heure presque fixe. Cela est né de la nécessité d'organiser sa journée de travail. Ainsi ne mange-t-on pas en fonction de ses besoins du moment, mais en fonction de principes qui correspondent à une société basée sur le travail essentiellement salarial. On peut ne pas manger au réveil, comme certains ne mangent jamais à midi, ou d'autres mangent que le soir, ou d'autres encore font 8 repas dans la journée, d'autres mangent la nuit. Car les besoins réels sont déconnectés de nos pratiques fonctionnelles, que nous avons décider d'une convention universelle culturellement qui ne correspond pas, voire néglige hautement, nos spécificités spirituelles, et biologiques. Mais globalement, il est un bon modèle de se référer aux 3 repas, en dehors du temps social et de l'activité physique. N'écouter que son envie et son dit "bien être" du moment peut être un plaisir momentané mais une catastrophe durable.
Saison
Nous compartimentons énormément notre alimentation, par des mots, des expressions, des concepts, des présentations. Mais par contre nous avons tendance à ne plus penser en terme de saison, car notre environnement est climatisé en quasi permanence. Ainsi nous pouvons manger des tomates et des fraises en hiver, ce qui contredit la saisonnalité naturelle de la production alimentaire, de plus que la saisonnalité de nos organismes, car malgré la climatisation d'autres facteurs environnementaux jouent sur nous, notre esprit, notre corps. Nous devons nous aligner, nous adapter à ces variations afin de conserver notre santé. Ce n'est pas compartimenter en cycles - d'une année sur l'autre ce ne sont jamais les mêmes - mais s'ajuster à des facteurs temporels qui nous dépassent, même avec nos vêtements, nos radiateurs, nos murs et toits.
Perspectives
Ce qui se passe dans nos têtes quand on parle de manger : manger = aliment solide comestible préparé. Ceci est vrai, mais réducteur. Car de quoi on se nourrit? Uniquement d'être végétaux/animaux? Non on se nourrit de soleil par exemple, mais surtout d'air, puis aussi de mouvement aussi bien internes qu'externes, aussi bien du corps que de l'esprit, etc. En effet, ne ressent-on pas par moment une satisfaction similaire, voire même supérieure aux aliments quand nous lisons un livre qui nous apprend, nous passionne? Ne se sent-on pas nourrit parfois par une danse improvisée, une séance de sport, une discussion, un film, la vue d'un paysage, une caresse, etc.? Cela ne veut pas dire que manger des êtres soit dispensable pour autant, mais grossièrement insuffisant à notre existence, à notre appétit spirituel, corporel global. Parfois on peut être amené à penser qu'il nous manque un aliment pour être satisfait alors que ce qu'il nous faudrait éventuellement est une balade en forêt. Cela est tout sauf du romantisme. Imaginez une vie où vous ne faites qu'ingérer des aliments, sans rien d'autre. Ce serait impossible. On a besoin de contact humain, de déplacement, d'utiliser notre raisonnement, nos muscles, etc. pour vivre.
Jeûne
On peut parler parfois dans ces magazines autour de la santé et du "bien être", du jeûne. Le terme est un peu générique et renvoie à des pratiques bien diverses. Les traditions religieuses en parlent toutes également. Le jeûne est une pratique possible que par rapport à un surplus alimentaire, et des habitudes/codes sociaux du manger. Avant l'existence de ce surplus chronique, les humains ne faisaient pas de jeûne, tout simplement ne mangeaient-ils pas parfois, ou très peu, en fonction des circonstances, des saisons, et des envies. Le jeûne est simplement ne pas manger (alors qu'on pourrait) pendant une certaine période. Cela peut aller de quelques heures à plusieurs jours. La nuit par exemple, si on dort, on jeûne, si on saute un repas la journée, on jeûne. Précisément le jeûne est ne pas mettre en bouche des aliments, surtout des aliments solides, mais c'est aussi laisser un temps de digestion/assimilation plus grand à son corps. Il s'agit de puiser dans les réserves, les excès stockés, les graisses naturelles du corps, de forcer le corps à trouver d'autres moyens de produire/utiliser de l'énergie. Les effets sur l'esprit sont souvent ce qui est le plus recherché dans ces pratiques volontaires : passer outre la faim et l'habitude automatique de manger, digérer un événement de sa vie sociale, spirituelle, tester ses limites, travailler son mental, etc. Les états d'euphorie ou de béatitude que certains peuvent ressentir lors de ces pratiques sont des illusions à ne pas prendre trop à cœur, au sérieux. Les "mono-diètes" sont parfois aussi considérées comme jeûne.
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