L'évolution
Pour commencer, il nous faut farfouiller dans les présupposés. La théorie de l'évolution (image). Selon cette théorie nous humains avons un ancêtre commun avec le singe (vidéo fun). OU OU OUUhh. La bipédie est ce qui nous différencie le plus sur le plan physique. Nous passons plus de temps sur deux pieds que nos cousins. L'agilité, surtout pour grimper dans les arbres, est moindre, mais on peut courir et donc aller plus vite, et donc fuir et ou attaquer d'autres êtres rapides qui fuient. On peut également faire de très longues et lentes marches, et donc migrer, et donc rencontrer d'autres écosystèmes que l'original, qui proposent d'autres variations de quantité, de qualité, et d'espèces. Desquels à chaque fois il faut s'adapter, c'est de ce fait très stimulant pour l'esprit, et aussi nous habitue à étendre toujours plus le domaine du mangeable, du digérable, de l'assimilable. Les singes mangent des fruits, mais aussi des racines, des feuilles, des insectes et parfois des animaux, dont de la même espèce qu'eux. Question environnement on est globalement passé de la foret tropicale à la plaine. Les aliments sont différents, la vue est dégagée, on peut voir très loin, donc anticiper plus. Il y a probablement moins de grands fruits, mais plus de graminées c'est à dire des herbes qui produisent des graines qu'on appelle génériquement céréales, ou oléagineux. Ils sont en dessous de nous, à hauteur de main, ce qui est pratique, demande peu d'énergie à la cueillette. La bipédie est une notion clés, car les organes de digestions se placent différemment, la gravité ne s'exprime plus de la même façon, donc les organes fonctionnent différemment. La station debout tenue longtemps est devenue nécessaire à la digestion, mais même au fonctionnement du cœur. C'est la marche qui permet surtout d'activer une aide à la digestion, ainsi qu'une activité intense. Après être assis et décontracté comme les singes le font est aussi nécessaires à certains moments, de même que s'allonger pour soulager les organes internes.
Les premiers hommes
Replaçons-nous dans les premiers hommes. Pas de supermarchés. Pas de champs, pas de potager, pas de banque de graines. Merde! Comment on fait? Et bien il y avait certainement des oasis, des plaines extrêmement fertiles naturellement. Puis aussi peut être un système humain de culture non organisée, non systématisée. On peut imaginer que des individus ont vite compris que des graines ça faisaient des plantes après. Ou alors ils ne vivaient pas assez longtemps pour s'en rendre compte. En effet, l'espérance de vie n'allait pas au delà de 30 ans. Une fracture ou une blessure profonde étaient souvent synonyme de mort proche. Dans une nature non dominée il y a certainement beaucoup de fruits, beaucoup d'insectes et d'animaux à manger. Mais aussi de grandes variations en fonction des zones géographiques et des saisons. Donc à chaque fois il faut s'adapter, trouver de nouvelles sources de nourriture. Il faut essayer, parfois par pure curiosité, mais souvent par pure nécessité. Et ces essais ne sont plus de l'ordre de l'instinctif seul, car l'instinct se fait sur des réflexes et des connaissances passés qui font partie du patrimoine inconscient collectif d'une espèce. Il y a donc eu probablement beaucoup d'essais alimentaires qui se sont soldés par l'intoxication, la mort d'individus. Il n'y avait pas beaucoup de différence entre les humains et l'environnement, car ils étaient directement et tout le temps dedans, sans possibilité, ni même l'idée de pouvoir s'en échapper.
Agriculture
Avant l'agriculture il y avait déjà diverses cultures et diverses moyens/techniques pour cultiver des aliments. Mais avec la perte progressive du nomadisme, la notion de propriété privée s'est accentuée. Pour nourrir des humains des villes qui ne sont pas directement au travail de la terre, il faut augmenter la cadence de production, ainsi que les stocks. La technique de culture par champs est devenu pérenne, et même la norme. Le champs est avant tout l'apanage de la culture de céréales (orge, riz, avoine, etc.). La naissance de la mono-culture donc. Le moyen le plus simple pour réaliser un champ fertile est de prendre sur la forêt, ou une prairie, car la terre y est bonne, riche. S'en est suivi des déforestations massives, proportionnelles aux besoins des villes grandissantes. La déforestation est intéressante aussi pour le bois que cela donne. Les humains se sont habitués à un afflux de bois important, qui a donné naissance à plus de métiers liés à sa transformation (charpenterie, menuiserie, construction), son utilisation, et donc à un besoin de déforestation supplémentaire. L'agriculture est la mise en parcelle, et un travail intensifié de la terre. Pendant très longtemps cependant on a pratiqué un système de rotation des cultures, de mise en jachère régulière qui permettait de maintenir un rendement par le travail inlassable et spontanée de la nature. Il s'en est suivi un lourd travail humain de sélection des semences, de transmission de semences et de techniques associées.
Comportement
Les tribus anciennes des jungles d’amazonie par exemple ont une culture particulière car ils sont dans un environnement "vivant", ils sont plus dans le respect car c’est comme si ils vivaient de façon très visible et évident sur un méta-organisme biologique. Les urbains vivent dans un environnement qui ne suit pas des règles uniquement biologiques, il suit des règles humaines avant tout, ainsi que la résonance des pierres, briques, les structurations . De ce fait les urbains sont moins dans le respect de leur environnement car leur environnement ne peut pas directement souffrir, ne leur apparaît pas vivant sans la présence humaine, à l’inverse de la jungle. Ils entendent les vibrations des urbains ayant imprimés leur vie et leur mort sur les murs, trottoirs, sous les toits, etc. Notre environnement, celui où l'on est né, nous apparaît toujours naturel, quand bien même il serait totalement nouveau et artificiel.
Supermarché
Que veut dire "super"marché. Marché se rapproche du verbe marcher, renvoyant probablement aux déambulations commerciales des rues d'antan. Ensuite le marché s'est sédentarisé, il désignait une place fixe. Ensuite encore avec des horaires et des dates précises. Aujourd'hui le supermarché est un entrepôt où l'on se rend souvent en voiture, qui n'est plus au cœur de la ville. Donc ce n'est plus super et ce n'est plus marché. Super renvoie à la taille pas à une valeur extra-ordinaire. Le supermarché recrée une caverne d'alibaba, un environnement fabriqué de toute pièce qui donne l'impression d'abondance, qui montre tout, qui appâte sans laisser la possibilité de se faire plaisir à moins d'avoir beaucoup de monnaie. Autrement dit sans monnaie cette abondance est fictive, un musée sous sellé. Tout est transformé dans cet univers. Nous sommes habitué à penser en terme de supermarché. On développe des astuces, des habitudes qui nous paraissent naturelles et profitables mais qui sont entièrement calculées et prévues par ailleurs. Tel produit plutôt que tel autre, à telle heure plutôt qu'à une autre, carte de fidélité, etc. Le supermarché est le nouvel environnement de l'urbain contemporain qui ne remet donc pas en question cette structure en son essence, alors que tout est artificiel. Cela est important car le lieu où l'on trouve l'alimentation induit des pensées et des comportements associés par ailleurs.
Extraction
Le village, puis la ville ont fait la coupure de l'humain de la nature totale. Il s'agit d'un espace délimité, qui se crée et s'exprime à part, sur lui-même presque. De là, il faut sortir de cet espace isolé pour rejoindre la totalité afin de manger... car la pierre de nos bâtiments ne se mange pas. Cette sortie nous fait apparaître de façon évidente les effets de notre existence. En ville on marche sur un sol inanimé, de roche, de pierre, etc. Dans la forêt on peut à chaque pas écraser des herbes, des pousses et des insectes. Cela peut devenir choquant, alors qu'auparavant sans ville ça ne l'était pas. Habitant un espace construit nous sortons de celui-ci pour prélever la vie ailleurs et la ramener avec soi, en soi. Si nous prélevons trop, nous tuons la vie ailleurs, donc la vie en soi. La solution est de cultiver autour ou un peu dans la ville même. C'est à dire ne plus être uniquement dans l'extraction, le prélèvement mais dans la gestion d'une partie de la nature. De cette façon on laisse la nature être ailleurs pour se l'approprier en partie ici, près de nous. Extraction de certaines essences animales, végétales, fongiques pour les nourrir, les aider, les protéger, les reproduire, et les manger. On va choisir le bœuf plutôt que le zèbre, la patate plutôt que le dahlia, etc.
Concentration
La concentration humaine que représentent les villes, a créé la concentration de richesses de toutes sortes, a créé la nécessité de concentrer les animaux, de concentrer les végétaux, de concentrer son esprit, de concentrer ses forces. C'est donc la compartimentation dans tous les domaines de la vie. On utilise le terme concentration pour désigner usuellement la capacité de se focaliser sur un point, un sujet spécifique, mais concentrer signifie "avec le centre". Le centre de la vie humaine est la ville, c'est là que se passe l'activité humaine la plus visible, la plus grouillante, la plus stimulante. C'est l'essence de la civilisation. Cet espace entièrement dédié à la vie humaine seule engendre le besoin de dédier d'autres espaces pour les autres facettes de la vie, par exemple le sauvage, la nature, l'animal, le végétale, etc. Sans ville pas de concentration nécessaire car tout suit une répartition spontanée. La ville exclue ce qui ne lui correspond pas. Mais on pourrait aujourd'hui penser une ville qui inclurait plus, qui compartimenterait moins.
Intérieur
L'environnement n'est pas qu'extérieur, il est aussi intérieur. A vrai dire la différence est souvent très poreuse. On se le figure peu ainsi mais manger consiste à mettre en soi des éléments étrangers. Étrangers pas tant que ça quand on sait que de l'ADN humain peut être trouvé dans les plantes. A chaque fois que nous mettons des aliments en bouche et avalons ensuite après quelques coups de dent, nous incorporons cet aliment, faisons littéralement corps avec lui. Comme on le voit chez les bébés humains à certains stades, il s'agit de connaitre par la bouche, et ensuite laisser cheminer en soi. Ainsi chaque ingestion permet de se nourrir soi, certes, mais aussi de communier avec les éléments, de retrouver des souvenirs, de retrouver des traces d'ancêtres. Contrairement à l'image de banalité du manger de nos jours, manger, et aussi boire, est un acte transcendant (mais ça va on s'en remet ;) ). Aussi avons nous un microbiome, c'est à dire que nous ne sommes pas seuls en nous, nous accueillons un ensemble de bactéries qui travaillent pour et avec nous. Un bébé qui naîtrait dans un environnement stérile n'aurait aucune bactéries suffisantes en lui et mourrait rapidement. Aussi nous savons qu'au plus on stérilise l'environnement direct/proche, au plus il y a d'allergies et de problèmes de système immunitaire dans la population. Il y a un équilibre intérieur/extérieur à veiller.
Groupe et Banque
Banque, banquet... cela veut simplement dire : table. Ce qu'on mettait sur la table était auparavant non pas pour manger directement, mais surtout pour échanger. La banque actuelle est monétaire, c'est à dire une dette. Mais ce phénomène complètement abstrait provient vraisemblablement de tous les processus de stockage, dont nourriture, qu'a connu l'humanité depuis ses débuts. Même avant l'agriculture, le stockage a probablement été une question récurrente. Les graines symbolisent le mieux ce parallèle, cette migration de la richesse. L'échange (commercial) de groupe en groupe semble s'être généralisé par le surplus alimentaire. Les graines sont un symbole, une promesse de richesse, ainsi pouvait-on en stocker, certaines indéfiniment, d'autres non. Le concept d'investir a commencé dans la terre, par la plantation de graines, processus quasi magique. Le capitalisme a ses racines dans les graines, et surtout les céréales. Les viandes de gros animaux étaient difficilement stockables, mais produisaient probablement un partage rapide en groupe restreint afin d'acquérir une faveur, une reconnaissance d'un individu sur un groupe par exemple. L'urgence de l'échange, mais aussi le développement d'une haute technicité/dextérité viennent des viandes de gros animaux. La projection longue durée, la compréhension du pouvoir de la rétention (de matières et de savoirs) proviennent des céréales. Les viandes de gros animaux sont une dette sociale/psychologique, les céréales sont une dette matérielle. La monnaie aujourd'hui synthétise les deux... mais ne se mange pas.
Ecologie
Ecologie veut dire la même chose que économie : gestion du domaine, science ou discours du bien. On pense sur base qu'il y a des aliments comestibles et bons pour la santé et d'autres néfastes. C'est extrêmement réducteur! Aucun aliment seul ne peut nous suffire, il nous faut des ensembles, de la variété. Car oui aucun aliment ne peut nous nourrir seul, du moins pas longtemps. Chaque aliment apporte des choses, mais ces choses ne sont jamais entières, il faut souvent trouver d'autres produits qui compensent les effets négatifs qui peuvent survenir ensuite. C'est très évident quand on parle de drogue, c'est à dire des aliments naturels ou de synthèse qui provoquent des modifications de conscience. Et bien on peut appliquer ce principe, en proportion moindre, pour tous les aliments. Voilà pourquoi instinctivement, ou résultant d'un long processus d'essais à travers des générations, on fait des associations alimentaires : pain/fromage, haricot rouge/riz, viande rouge/vin, café/lait, thé/biscuit, etc. Bien que toutes les associations ne soient pas idéales, voire parfois carrément néfastes car trop récentes pour qu'on ai pu en conclure ses bienfaits. De même parfois ce n'est pas tellement l'association/complément alimentaire qui compte, mais plus la préparation. Par exemple le café à l'état brut est immangeable et imbuvable. Ce qui est intéressant est qu'au fond on cherche tous tout le temps l'aliment miracle qui nous donnera toute la satisfaction et les nutriments dont on a besoin. On peut pas juste manger et passer à autre chose bordel!?! :)
>Glossaire< |
>Phunétique< |